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Titre du blog : Faire ensemble, vivre ensemble, agir pour la Paix
Auteur : abdelmalik
Date de création : 05-06-2011
 
posté le 05-02-2016 à 09:15:19

le 04 février 2016 : Représentation de la pièce de théâtre : "Ces mots pour sépulture" de Benjamin Orenstein à la Salle Rameaux

 

 

Représentation de la pièce de théâtre « Ces Mots pour Sépulture » de Benjamin Orenstein à la Salle Rameau à Lyon 1er 

 

 

Benjamin Orenstein naît le 15 septembre 1926. Issu d’une famille juive polonaise, Benjamin est le cadet d’une d’une famille de cinq enfants (quatre garçons et une fille). Il grandit dans son village natal, Annopol, situé à 70 km de Lubin. Modeste commerçant, son père est un membre actif et respecté de la communauté juive du village.

Dès août 1939, face aux premières réquisitions de l’armée polonaise et à l’avancée allemande, la famille Orenstein quitte Annopol. Bien vite, n’ayant nulle part où aller, elle rentre et trouve son village occupé par les soldats allemands. Si les relations avec les troupes de la Wehrmacht sont relativement correctes, la situation change radicalement lorsqu’au début 1940, les soldats sont remplacées par les SS. Un « conseil des Juifs » est mis en place au sein du village : il doit fournir aux nazis main-d’oeuvre et marchandises. Désormais, les Juifs ont obligation de porter un brassard blanc imprimé d’une étoile de David et interdiction de sortir du village sans un laissez-passer visé par les autorités allemandes. Vexations, rafles et exécutions sont quotidiennes.

Alors âgé de treize ans, Benjamin Orenstein parvient à se soustraire à l’obligation du port du brassard, jouant de son apparence physique. Cette relative liberté lui permet de poursuivre au ralenti le commerce de son père. Trop jeune pour être raflé et astreint au travail, comme beaucoup d’enfants de son âge, il s’occupe à différentes tâches afin d’aider sa famille.
Au printemps 1941, son père est arrêté et envoyé au camp de
 travail d’Ieniszow. Conscient que ce dernier ne survivra pas aux conditions de travail éprouvantes et ses trois frères travaillant déjà, Benjamin prend sa place. Il parvient rapidement à s’évader et rejoint son village sans être inquiété (du fait de son âge, il n’est pas inscrit sur le registre des détenus du camp). Quelques jours après son retour, son frère Léon est à son tour interné dans un camp pour Juifs à Janow. Dans un contexte de plus en plus difficile où les arrestations de Juifs se multiplient et où la nourriture vient à manquer, Benjamin quitte sa famille pour travailler chez des paysans du village voisin.

Le 13 octobre 1942, au cours de la rafle totale du village d’Annopol, Benjamin et ses frères sont emmenés au camp de Rachow où ils sont affectés à des travaux agricoles. Ses parents et sa soeur sont, quant à eux, déportés. Il apprendra plus tard qu’ils furent tous les trois gazés à Belzec. Courant 1943, il est désigné, avec l’un de ses frères, pour rejoindre le camp de Budzin, où ils travaillent dans une usine d’aviation pour les nazis. Quelques mois plus tard, son frère est renvoyé à Rachow. Malgré cette séparation douloureuse, Benjamin a la chance (comme il le dit lui-même) d’être affecté à des postes de travail qui lui permettent de sortir du camp et de se procurer de la nourriture. 
En novembre 1943, il apprend que tous les détenus de Rachow, dont faisait partie ses trois frères, ont été exécutés. Il est désormais le seul survivant des sept membres de sa famille.

En mai 1944, alors que l’armée soviétique est toute proche de Budzin, Benjamin est transféré, avec cent cinquante autres détenus, au camp d’Ostrowiec. De là, il est déporté à Auschwitz. Après un trajet de plus de douze heures, il entre dans le camp le 4 août 1944. Dès son arrivée, un numéro de matricule (B 4416) est tatoué sur son bras. Le 8 août, il est de nouveau transféré, dans le camp de Furstengrube (camp satellite d’Auschwitz III, situé à une trentaine de km) où, avec les autres déportés, il travaille dans d’anciennes mines de charbon.

Le 13 janvier 1945, il connaît les « marches de la mort ». Le camp de Furstengrube est alors évacué : durant dix jours, encadrés par de jeunes SS, Benjamin et ses codétenus, très affaiblis, rejoignent à pied et dans le froid (température atteignant les – 20°) le camp de Dora. Souffrant d’une grave infection et de sévères engelures, il est contraint de gagner l’infirmerie où il est opéré deux fois de la jambe. C’est alité qu’il assiste à la libération du camp par les Américains, le 11 avril 1945.

Pris en charge par la Croix-Rouge, il est hospitalisé à l’hôpital de Thionville (France). Contacté par un de ses cousins habitant Lyon, il s’installe finalement en France en novembre 1951.

 

 

 

 

 

 

 Jean Dominique Durand (Adjoint délégué à la Mémoire et aux Anciens Combattants à la Mairie de Lyon),