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Titre du blog : Faire ensemble, vivre ensemble, agir pour la Paix
Auteur : abdelmalik
Date de création : 05-06-2011
 
posté le 02-06-2016 à 00:12:36

le 01 juin 2016 : Journée d'étude, hommage à Thierry Bianquis, Regards sur les sociétés de l'Islam Médiéval à l'Université Lyon 2

 

 

 Regards sur les sociétés de l’Islam médiéval - Hommage à Thierry Bianquis

 

Salle des colloques
Université Lumière Lyon 2 (18 quai Claude Bernard)
9h - 18h

 

L’historien de la citadelle, l’archéologue de la steppe, l’enseignant de la ville...

 

Regards sur les sociétés de l’Islam médiéval

 

Hommage à Thierry Bianquis
Journée d’étude organisée par Abbès Zouache

 

avec la participation de:

 

Denise AIGLE
Gérard DÉDÉYAN
Jean-Claude GARCIN
Marc GABORIEAU
Pierre GUICHARD
Jeanette ROSE ALBRECHT
Marie-Odile ROUSSET
Mathieu TILLIER
Katia ZAKHARIA
Abbès ZOUACHE
 

 

 

 

 Thierry Bianquis (1935-2014) Membre de l’UMR 5648 CIHAM depuis sa création, en 1994, et de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Thierry Bianquis était un spécialiste internationalement reconnu de l’Islam médiéval, et en particulier de la Syrie et de l’Égypte à l’époque fatimide. Agrégé d’histoire et excellent arabisant, il avait une connaissance très fi ne du Proche Orient, où il était né en 1935 et où il vécut de longues années. Directeur de l’Institut français d’études arabes de Damas, de 1975 à 1981, il avait été auparavant pensionnaire de ce même institut (1968 1971), puis membre scientifi que de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire (1971 1975). A son retour en France, il intégra l’Université Lumière Lyon 2, où il fut élu professeur d’histoire et de civilisation islamiques en 1991. Tout en enseignant, Thierry Bianquis continua à œuvrer à l’archéologie du savoir historique à laquelle sa fréquentation assidue des manuscrits arabes lui avait donné accès, lors de ses séjours à Damas et au Caire. La Syrie et l’Égypte des X e  XII e siècles constituèrent son terrain d’étude privilégié, à partir duquel il élargit ses analyses à l’ensemble de l’Orient, avec pour objectif constant de décrypter les mécanismes complexes qui régissaient la vie des hommes et des sociétés. La question centrale qui l’occupa fut celle du pouvoir, qu’il envisagea dans toutes ses dimensions. Il montra, en particulier, que dans les sociétés de l’Islam médiéval comme dans d’autres sociétés, le pouvoir n’existait pas en soi, fût il légitimé par des théologiens, et qu’il reposait sur une relation d’échanges, faite de rapports de force mais aussi de négociations feutrées, qui pouvait déboucher sur l’expression d’un consensus. Thierry Bianquis, qui co dirigea les derniers volumes de la deuxième édition de la prestigieuse Encyclopédie de l’Islam, a laissé une œuvre considérable, qui fait aujourd’hui référence. Sa bibliographie peut être consultée à l’adresse suivante : http://ciham.ish lyon.cnrs.fr/regards societes  lislam medieval hommage thierry bianquis. Jean Louis Gaulin, Mathieu Tillier et Abbès Zouache

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Ouverture de la journée par Jean-Louis Gaulin, Directeur du CIHAM

 

 

 

 

 

 

 

 

D’Orient en Occident Président de séance : Cyrille Aillet

- Université Lyon 2, UMR 5648 CIHAM

 

 

 

 

 

 

 Quelques notes sur le premier monnayage musulman au Maghreb et en al-Andalus.

Pierre Guichard - Université Lyon 2, UMR 5648 CIHAM 

 

 

 Il n’est pas évident d’y voir clair dans la chronologie des premières monnaies frappées dans l’Occident musulman lors de la conquête arabe. On possède en effet d’assez nombreuses monnaies de diverses sortes frappées à l’époque des premiers gouverneurs. Les plus connues sont les monnaies d’or (solidi/dinars) dites « transitionnelles », où sont inscrites des légendes latines d’abord, puis en latin et en arabe, et enfin seulement en arabe. Le processus n’est pas différent de celui observé en Orient, mais à une époque plus tardive, postérieure à la réforme du calife ‘Abd al Malik qui a en principe arabisé le monnayage en 75-77/694-697. On observe aussi une frappe abondante de fulūs de métal de faible valeur, cuivre ou bronze, qui portent dans plusieurs cas des représentations figurées, qui posent aussi la question de l’utilisation de celles-ci sur un monnayage « musulman » qui va les voir se raréfier de plus en plus. Ces monnaies sont inégalement datées, et se pose aussi la question des lieux de frappe. On se propose de donner les grandes lignes de l’état actuel des questionnements que soulève ce monnayage d’or et de bronze, que l’on peut situer en première approximation entre 80/699-700 et l’apparition d’un abondant monnayage d’argent (dirhams) à partir de 97/715 en Ifrīqiya et 100/718-719 en al Andalus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 La problématique ne peut guère se séparer de celle concernant la chronologie des gouverneurs, qui est pour sa part une question discutée, relevant de l’étude des sources écrites.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 La Qubbat al-Bārūdiyyīn de Marrakech : une création révélatrice d’une culture ouverte et dynamique Jeannette Rose-Albrecht

- Université Lyon 2, UMR 5648 CIHAM

 

 

 Dans le cadre du développement urbain de Marrakech almoravide, la construction de la grande mosquée « Bārūdiyyīn » a constitué un chantier important, dont seule subsiste intacte la « Qubbat al-Bārūdiyyīn ». Édifice connu, reconnu, historiens et historiens de l’art ont relevé ses qualités esthétiques, ses sources, ses innovations. Pourquoi y revenir aujourd’hui ? Héritière de la tradition andalouse et de nouveautés orientales, sa réussite architecturale est basée sur l’adéquation entre les matériaux et les proportions du plan, de l’élévation, des volumes, sur la maîtrise de la lumière et la qualité d’un décor sculpté parfaitement intégré à la structure. Cette œuvre singulière révèle l’importance des contextes historique et géographique dans le processus créatif. Pétri de culture andalouse et ouvert aux innovations, l’architecte aurait réussi, hors de la péninsule andalouse, à s’émanciper. Une nouvelle étude approfondie et exhaustive pourrait définir une « coupole marrakushi » à un moment où la généralisation des coupoles à muqarnas n’a pas encore imposé un modèle déterminant, brillant par ses variations mais défavorable aux innovations.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Une réflexion historique de Thierry Bianquis sur les Fatimides

Jean-Claude Garcin - Université Aix-Marseille

 

 

 J’ai choisi pour évoquer le travail de recherche de Thierry Bianquis, un thème qui me soit accessible en tant qu’historien « mamlukisant » s’étant intéressé à l’ensemble égypto-syrien jusqu’à ces derniers temps. L’histoire de l’Egypte, même au temps des Fatimides, ne m’est pas inconnue. Les réflexions de Thierry Bianquis sur l’Egypte des Fatimides apparaissent dans des publications qui s’échelonnent de 1972 à 2000, soit pendant près de 30 ans, et montrent la progression et la continuité de sa réflexion d’historien.

 

 

 

 

 Mouvements populaires Président de séance : Yassir Benhima

Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, UMR 5648 CIHAM

 

 

 

 

 

 

 Le personnage du « faqîr » comme « prêtre » des classes populaires dans l’islam indien : de Garcin de Tassy à l’anthropologie historique contemporaine Marc Gaborieau - CNRS et EHESS, UMR 8564 CEIAS

 

 

 Dans son Mémoire sur les particularités de la religion musulmane en Inde (Paris, 1831), Garcin de Tassy présenta le « faquîr » (sic), membre d’un ordre soufi, comme l’officiant du culte des saints, qui étaient alors considérés comme des intermédiaires obligés entre les hommes et Allah ; presque deux siècles plus tard l’historien anglo américain Nile Geen a rappelé la place centrale occupée par ce personnage jusqu’au XXe siècle dans son livre intitulé Islam and the Army in Colonial India (Cambridge, 2009). La présente communication, dans sa première partie, reconstitue – sur la base de sources historiques et d’observations de terrain échelonnées de l’Himalaya à Sri Lanka – les multiples rôles du « faqîr », mystique proche de Dieu et doué de pouvoirs miraculeux, comme l’officiant privilégié du culte des saints et le destinataire obligé des aumônes et des dons funéraires, devenu une sorte de « prêtre ». La seconde partie explique comment ces institutions soufies tombent en désuétude, minées de l’intérieur par les écoles réformistes et de l’extérieur par la modernité. Le personnage autrefois respecté du « faqîr » est réduit au rôle méprisé de destinataire des aumônes obligatoires et des dons funéraires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Centralité fatimide Président de séance : Mathieu Tillier

Université Paris-Sorbonne, UMR 8167 Orient & Méditerranée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Des traces matérielles d’époque fatimide à Raḥba Mayādīn (Syrie)

Marie-Odile Rousset - CNRS, UMR 5133

 

 

 Lorsque Thierry Bianquis accepta de co-diriger les fouilles de Raḥba Mayādīn, avec Qassem Toueir, en 1976, l’une de ses motivations était la possibilité de découvrir si les Fatimides, bien qu’ayant eu un pouvoir effectif assez bref (quelques années seulement) sur Raḥba, avaient laissé des traces matérielles de leur domination dans les confins orientaux de leur empire. Après quelques années de terrain, le caractère aléatoire et fastidieux de la recherche archéologique n’avait laissé que peu d’illusions à Thierry sur l’apport de cette discipline à l’étude de cette question. En revanche, son exploitation des sources écrites avait mis en évidence le fort impact sur la politique régionale d’une dynastie jusque-là peu connue, celle des Mirdassides, qui a gouverné Raḥba et sa région entre 1009 et 1067. Thierry en avait dessiné l’histoire dans sa thèse, dans « Raḥba et les tribus arabes avant les Croisades » (en 1993 dans le BEO) et surtout dans le remarquable article de l’Encyclopédie de l’Islam : « Mirdās (Banū) ». Je voudrais rappeler dans cette communication la contribution des sources archéologiques à l’histoire de cette période, qui n’est clairement apparue qu’après l’analyse et la synthèse des données récoltées à Mayādīn entre 1976 et 1980. Des vestiges appartenant à un atelier fabriquant de la céramique glaçurée attribuable au XI e siècle ont permis de reconstituer cette production et sa diffusion. Cette étude donne un aperçu des zones d’influences et des réseaux d’échanges des biens matériels.

 

 

 

 

 

 

 

 Discours, pouvoirs Président de séance : Dominique Valérian

- Université Lyon 2, UMR 5648 CIHAM

 

 

 

 

Un « Alceste musulman » : Sībawayh le fou et les Ikhshidides Mathieu Tillier - Université Paris-Sorbonne, UMR 8167 Orient & Méditerranée 

 

 

 Dans son article sur « La prise du pouvoir par les Fatimides en Égypte », Thierry Bianquis évoque à quelques reprises un fou de la Fusṭāṭ ikhshidide, surnommé Sībawayh, une sorte d’ « Alceste musulman » qui harcelait ses contemporains de sa misanthropie. Autrement ignoré de l’historiographie contemporaine, le personnage nous est connu grâce à un opuscule que lui consacra al Ḥasan b. Ibrāhīm b. Zūlāq (m. 387/998). De vingt deux ans son cadet, ce dernier l’avait fréquenté de près, et fut le témoin oculaire et auditif d’un grand nombre de ses coups d’éclat. En replaçant Sībawayh dans son contexte historique, je m’interrogerai sur la portée politique et sociale de la forme de folie dont il souffrit. Il apparaîtra qu’au  delà des topoi que sa biographie partage avec le genre consacré aux « démens sensés » (ʿuqalā’ al-maǧānīn), Sībawayh, protégé par sa popularité auprès des masses et par sa démence, se fi t le héraut d’une partie des habitants de Fusṭāṭ exaspérés par le comportement de leurs élites et de leurs dirigeants.

 

 

 

 

 

 

 Courriers offi ciels et correspondance personnelle en prose rimée dans La chronique d’Égypte d’al-Musabbiḥī (m. 420/1029) Katia Zakharia

- Université Lyon 2, UMR 5648 CIHAM

 

 

 Après avoir rappelé les principales caractéristiques de La Chronique d’Égypte d’al Musabbiḥī (m. 420/1029), j’examinerai les cinq pièces en prose rimée rapportées dans l’ouvrage, à la fois dans leur relation à la prose sans ornements du chroniqueur et à l’explosion concomitante de la prose rimée, comme style distinctif des lettrés à la cour buyide et par propagation dans l’Iraq abbasside. Il sera intéressant d’étudier les thématiques abordées dans ces textes, les images privilégiées, les fonctions du discours auquel elles servent de support et, plus généralement l’évolution du statut de ce mode d’expression dont l’ouvrage apporte une pertinente illustration.

 

 

 

 

 

 

 Guerre et culture dans l’Orient musulman médiéval. Astrologie et divination Abbès Zouache - CNRS, UMR 5648 CIHAM

 

 

Thierry Bianquis s’intéressa à plusieurs reprises à des champs du savoir peu explorés par ses pairs. Ainsi, en 1975, il publia avec Nessim H. Henein, sous le titre La magie par les psaumes, l’édition et la traduction d’un manuscrit arabe chrétien d’Égypte consacré à la magie. Par la suite, il souligna régulièrement que les historiographes arabes médiévaux faisaient parfois état de l’utilisation, par les Orientaux, de pratiques tenant peu ou prou de la magie ou, selon une expression aujourd’hui commune, des « sciences occultes ». C’est à l’astrologie, dont la dimension divinatoire fut régulièrement dénoncée par des ‘ulamā’, tout au long du Moyen Âge, que j’ai donc choisi de m’intéresser aujourd’hui, non pour discuter les théories exposées dans les traités d’astrologie. Je me propose, plus simplement, dans une perspective d’histoire sociale et culturelle, de dévoiler les liens qui unissaient la guerre, l’astrologie et les astrologues, dans les sociétés de l’Orient médiéval dominées, à partir du III e /IX e siècle, par des hommes de guerre et de pouvoir dont la culture est encore insuffi samment connue.