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Titre du blog : Faire ensemble, vivre ensemble, agir pour la Paix
Auteur : abdelmalik
Date de création : 05-06-2011
 
posté le 05-11-2016 à 23:30:42

le 05 novembre 2016 : Conférence-débat en Hommage à Nabile Farès, Écrivain, anthropologue et psychanalyste à la Maison des Passage

 

 

 Conférence-débat en Hommage à Nabile Farès, Écrivain, anthropologue et psychanalyste à la Maison des Passages, 44 Rue Saint-Georges, à Lyon 5 ème 

 

 

 Fils de Abderrahmane Fares, président de l’exécutif provisoire à l’indépendance de l’Algérie, Nabile Fares a soutenu une thèse de sociologie en 1971 sous la direction de Germaine Tillon. Professeur de littérature à l’université d’Alger, puis à Grenoble, et psychanalyste à Paris, (décédé le 30 août 2016) il est auteur d'une vingtaine d'oeuvres littéraires.

 

 

 

 

 

 

 

 

Zaher Harir, président de FORSEM

 

 

 Conférence-débat avec Ali Chibani,

(écrivain, docteur en littératures comparées et journaliste)

 

 

  Nabile Farès est un écrivain et poète de langue française, psychanalyste de formation, né le 25 septembre 1940 à Collo en Algérie française et mort le 30 août 2016 à Paris en France.

 

 

 L’Algérie, sous domination coloniale française lors de son enfance, est un motif et un thème de réflexion et de narration omniprésents dans son œuvre, sous forme de paysages et d'interrogations sur les langues parlées, écrites, en Algérie, le français, l'arabe, le berbère, le kabyle, l'hébreu. Autre matière forte de ses récits  : la décolonisation, la guerre, l'indépendance algérienne, et, ensuite, la guerre civile, religieuse, linguistique et ethnique, contemporaine ; vive critique d'un nationalisme aveugle, étroit, responsable des désarrois, injustices, violences actuelles.

 

 

 L’écriture farésienne va dans le tréfonds des langues pour y déceler « les cassures du monde et de l’être » (Mémoire de l’Absent), les zones d’irréparable occasionnées par l’atteinte à l’humain, à sa culture, à ses langues.

Il préférait d’ailleurs employer le terme d’occupation à celui de colonisation afin de mieux rendre compte de l’opération de ratissage interne sur 132 ans, celle qui laisse les êtres orphelins de substances vivantes, desséchés, humiliés, en lutte avec un gouffre hémorragique qui sans cesse recrache de la perte.

 

 Il y a une logique de l’occupation des territoires, qu’il s’agisse des espaces géographiques et/ou des psychismes, celle d’évider du dedans, de laisser à vide, sans souffle. Pour Nabile Farès, l’occupation française et sa résultante, la guerre, sont des opérations totalitaires qui tentent d’ôter à l’humain son potentiel de vivant.

 

 

 Cette logique se sert de mécanismes précis : la destruction des arrimages aux langues, la mise en branle des structures symboliques organisant les liens sociaux, et la confiscation permanente du sentiment de participer à la marche de l’Histoire, de son histoire, sont des opérateurs qui causent une véritable occupation de l’espace psychique. Celui-ci devient réceptacle d’une fracture innommable, indescriptible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Cette fracture venant du dehors est difficile à saisir car non mentalisable, ou trop bien confondue avec l’intériorité, si bien qu’il devient quasiment impossible de départager ce qui revient à l’historiographie, et ce qui revient à l’histoire subjective et/ou familiale. Cette confusion des temps et des espaces, des langues, des pronoms (je, tu, il) est une conséquence de ce quelque chose qui est arrivé à l’humain, avec et depuis la colonisation mais qui reste en errance, en mal d’inscription.