Conférence organisée par l'Institut supérieur d'étude des religions et de la laïcité (ISERL).
Présentation de Saïda Douki Dedieu et débat animé par Chérif Ferjani.
Daech, la dernière utopie meurtrière
Comprendre l'attrait
qu'exerce Daech sur les jeunes, notamment, c'est ce que les auteurs
font dans cet essai, en invoquant deux parallèles auxquelles les
adolescent.es sont extrêmement vulnérables : l'utopie et la
toxicomanie.
L'ISERL propose une discussion autour de l'essai
de Saïda Douki Dedieu et Hager Karray, Daech, la
dernière utopie meurtrière. L'État dit Islamique a créé une
situation inédite en s'implantant dans un territoire qu'il prétend
étendre au moins jusqu'aux frontières de l'ancien empire ottoman
dont il s'arroge l'héritage. Il est fort peu probable que cette
ambition se réalise, compte tenu du rapport des forces en présence.
Mais la victoire sur Daech devra être aussi idéologique.
L'Etat dit Islamique a créé une situation inédite en s'implantant dans un territoire qu'il prétend étendre au moins jusqu'aux frontières de l'ancien empire ottoman dont il s'arroge l'héritage. Il est fort peu probable que cette ambition se réalise, compte tenu du rapport des forces en présence. Mais la victoire sur Daech devra être aussi idéologique. Comprendre l'attrait qu'exerce cette organisation, sur les jeunes notamment, c'est ce que les auteures tentent de faire dans cet essai, en invoquant deux parallèles : l'utopie et la toxicomanie, auxquelles les adolescents sont extrêmement vulnérables.
Jean Pierre Chantin
L’INSTITUT
SUPÉRIEUR D'ÉTUDE DES RELIGIONS ET DE LA LAÏCITÉ (ISERL)
L'ISERL
a été fondé en décembre 2009 par les Universités Lumière Lyon 2
et Jean Moulin Lyon 3 pour mener dans une perspective
interdisciplinaire et comparatiste l’analyse des phénomènes
religieux et de la laïcité.
Nathalie Dompnier,
(Professeure de science politique à l’Université Lumière Lyon 2 depuis 2007 et membre junior de l’Institut Universitaire de France, a été élue présidente de l’établissement pour un mandat de 4 ans, le 25 avril 2016, avec 19 voix pour sur 29 représentées. Elle était jusqu’à présent Directrice de l’UFR d’Anthropologie, de Sociologie et de Science Politique)
Adel Ben Lagha
(Consul Général de Tunisie à Lyon)
Retraitée après une longue carrière de médecin hospitalo-universitaire, en Tunisie, puis en France, Saida Douki Dedieu se consacre à écrire des essais pour partager son expérience. Cheffe de service et professeur.e de psychiatrie de 1987 à 2010, à Tunis puis à Lyon, elle est aussi l'ancienne présidente de la Fédération des psychiatres arabes. Elle a écrit en 2011 "Les femmes et la discrimination: dépression, religion, société"
Daech est un terrorisme du 3 ème type, avec une population immigrées musulmanes, très favorable. Crise d'adolescente de 3 ème type, avec une violence et cruauté terrorisme, terreur et massacres. L'utopie, est un néologisme, un idéal, qui n'existe nulle part. C'est utopies, on les retrouve dans le nazisme et le communisme. La secte des assassins, rapport d'un envoyé de l'empereur Frédéric Barberousse. On apprend aux jeunes gens, dès leur prime jeunesse, à tuer, afin qu'ils soient amoureux de la mort. Ils méprisent ce qu'il y a de plus beau dans la création. Dans la religion chrétienne, c'était, la même chose, sous le règne de Savonarole. Un état policier. La sodomie devient passible de la peine de mort. La dictature meurtrière des Khmers Rouge dans les années 1970 au Laos. Les enfants étaient enlevés à leurs mères dès l'âge de 5 ans.
Les bases idéologiques de Daech, est d'inverser le cours de l'histoire. Le plus abominable des niveaux de la barbarie. Rétablissement de l'esclavage (femmes et enfants). Les enfan t s, ce sont les lionceaux du califat. Largement médiatisé. Les constantes des utopies, obsession de la pureté. L'homme est un loup pour l'homme. Les futurs dictateurs utilisent les utopies comme un masque pour mieux obtenir une humiliation sans fin, la décadence de la civilisation islamique, l'impuissance du monde arabe, les affres de l'immigration, sans identité, l'humiliation chez soi, la quadruple discrimination des femmes, la guerre des identités, la montée du radicalisme musulman, l'exclusion des sociétés post moderne.
Que ce soit en Tunisie ou au Maroc, il y a l'exclusion sociale dans les sociétés post modernes, la culture du déchet. Produit d'une société segregative, le cerveau humain achève sa maturation à partir de 25 ans. Crise narcissique et identitaire de l'adolescence, pour aborder la phase de l'âge adulte. Déficit de la transmission entre adultes et enfants. L'enfant a besoin d'amour et d'autorité.
Comment
résister. Nous sommes tous des djihadistes. Adéquation
entre l'offre de et la demande, mais c'est une offre utopique.
Place aux pulsions destructrices. Heureusement, les
utopies sont mortelles.
Un islam de France, c'est
possible, la réponse n'est pas l'assimilation, mais ce
serait l'intégration.
Mohamed-Chérif Ferjani est professeur en science politique à l'Université Lumière Lyon 2. Auteur de travaux concernant l'islam et le monde arabe, il a notamment publié Les Voies de l'islam, approche laïque des faits islamiques (CRDP de Franche-Comté / Éditions du Cerf, 1996), Islamisme, laïcité et droits de l'homme (L'Harmattan, 1992) et Le Politique et le religieux dans le champ islamique (Fayard, 2005).
L'utopie est très bien quand elle est dans un projet philosophique.
L'utopie sert à cheminer
Mais une utopie qui vire au cauchemar
est catastrophique.
Les textes sacrés, dans la
religion et dans toutes les religions,
Daech ne représente
pas l'islam, c'est la logique de l'anathème. Si on va
sur ce terrain là, nous sommes battus d'avance, ils
diront, vous avez trahis la religion.
Daech trahi les lois du djihad. Le discours de Daech est dans le prolongement des discours tenus dans les mosquées. La norme religieuse, en islam, comme dans toutes les religions, na pas être imposée comme un fondement humain.