Conférence dans le cadre des "Jeudis de l’Antiquaille" :
"Abd el-Kader et les chrétiens",
avec Monseigneur Henri Teissier (Archevêque émérite d’Alger)
et le Père Christian Delorme (Délégué au dialogue inter religieux auprès du Diocèse de Lyon)
Abd el-Kader "l'ami des Français", comme aimaient à le qualifier les Européens, fut le modèle de "l'indigène" éclairé et cultivé. Son intervention en faveur des chrétiens du Proche-Orient a fait de lui un acteur de la paix religieuse.
On peut s'étonner de voir que l’on présente ici Abd el-Kader comme une figure de paix, alors qu'il est resté célèbre pour ses combats sanguinaires contre les troupes coloniales françaises ! Mais ce chef militaire, respecté par ses ennemis, recevra la médaille de l'ordre de Pie IX pour avoir sauvé des milliers de chrétiens.
Abd el-Kader, le troisième fils de Sidi Muhieddine Ibn Mostafa, descendant du Prophète et chef de la tribu des Hachemn, naît en 1808. A 14 ans, il reçoit le titre de hafiz, destiné à ceux qui savent le Coran par cœur, en entier. La régence d’Alger où vit Abd el-Kader est dépendante de l’Empire ottoman, mais jouit au début du XIXe siècle d'une grande autonomie. Elle est en conflit diplomatique avec la France de Charles X, qui décide d'envoyer un corps expéditionnaire à Alger. La prise de la ville en 1830 marque le début de la colonisation française.
L'émir, chef du djihad contre les français
Louis-Philippe, craignant que l'émir reste un point de ralliement pour les adversaires de la colonisation française, préfère qu'il soit embarqué pour Toulon.
L'homme d'honneur
Au
début de sa détention, Abd el-Kader ne cesse de rappeler à la
France son manque de parole qui le maintient en captivité au château
de Pau puis dans celui d'Amboise. Cependant des personnalités de
tous horizons viennent s'entretenir avec l'émir, subjuguées par son
esprit curieux et son érudition phénoménale. L'Algérien manifeste
un vif désir de rapprocher l'islam du christianisme et l'Orient de
l'Occident, ce qui le lie à Louis-Napoléon Bonaparte qui a une
passion pour l'Algérie et pour les Arabes. Aussi dès 1852, le
prince-président décide-t-il de libérer Abd el-Kader, contre la
simple promesse que celui-ci ne retournera pas en Algérie. Ce geste
d'un seigneur à l'égard d'un autre seigneur fut accompli contre
l'avis des ministres.
Abd el-Kader est à Paris le 2 décembre 1852, jour de la proclamation du Second Empire. Dans une lettre à l'empereur, il fait le serment de ne plus perturber les opérations françaises en Algérie et le 21 décembre, il s'embarque pour le Moyen-Orient avec une pension de 150 000 francs, en guise de dédommagement, montant considérable pour l’époque.
Le musulman ami des chrétiens
Si les musulmans et les chrétiens avaient voulu me prêter leur attention, j'aurais fait cesser leurs querelles ; ils seraient devenus, extérieurement et intérieurement, des frères."
Abd el-Kader (1850)
"Ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme ; interrogez plutôt sa vie, son courage, ses qualités et vous saurez ce qu'il est. Si l’eau puisée dans une rivière est saine, agréable et douce, c’est qu’elle vient d’une source pure."
Abd el-Kader (1860)