VEF Blog

Titre du blog : Faire ensemble, vivre ensemble, agir pour la Paix
Auteur : abdelmalik
Date de création : 05-06-2011
 
posté le 16-12-2018 à 23:53:23

le 16 décembre 2018 : Dans la Drôme, à l'Abbaye d'Aiguebelle, journée festive Béatification des 19 martyrs d’Algérie.

 

Béatification des 19 martyrs d’Algérie

Béatification officielle à Oran le 8 décembre 2018


Dans la Drôme, à Aiguebelle, journée festive le 16 décembre avec

(Conseil Régional du Culte Musulman Auvergne Rhône-Alpes)

(Président de l'Association Inter-religieuse "Mains Ouvertes")


 

 

 

 Martyrs de la Fraternité : Une journée à Aiguebelle

Le 8 décembre aura lieu la béatification des 19 martyrs d’Algérie. 19 religieuses, religieux, prêtres et un évêque morts pour leur foi. Ils ont été tués pour avoir voulu vivre pacifiquement en Algérie, pays musulman.

Dans les années 1990, l’Algérie a connu une période violente pendant laquelle des groupes islamistes ont terrorisé la population au nom d’un islam radical. Les algériens eux-mêmes, dont de nombreux imams, ont été victimes de cette violence. L’Eglise en Algérie a été une des cibles de cette volonté de forcer les algériens vers un islam identitaire et fermé au dialogue. Pendant cette période, l’Eglise algérienne a dû repenser fortement sa présence.

Le site https://www.moines-tibhirine.org en parle en ces termes :

De 1994 à août 1996, comme les 7 frères de Tibhirine, 12 autres religieuses et religieux ont donné leurs vies. Toutes et tous, ainsi que beaucoup d’autres heureusement toujours en vie, avaient fait le libre choix en ces années noires de rester fidèles à l’Eglise d’Algérie et à leurs amis et voisins algériens. Ces 19 martyrs de l’Eglise d’Algérie étaient tous passionnés de leur Eglise, dont ils étaient des serviteurs zélés et effacés, passionnés aussi de l’Algérie et de son peuple où ils avaient tissé leurs amitiés. Humbles et doux, le Seigneur rayonnait dans leur cœur, dans leur vie, dans leur silence. Ils témoignent d’une foi décantée, limpide, la foi de ceux qui préparent dans la prière et la présence l’espace du dialogue. Ils sont une très belle image de l’Eglise d’Algérie: petite, quelques milliers de fidèles, dispersés dans quatre diocèses: Alger, Oran, Constantine-Hippone et Laghouat. Eglise vivante par sa pauvreté, car ayant perdu sa puissance sociale et son faste. Elle vit l’amour et le service au quotidien. Ainsi purifiée, et sans ambitions, elle peut être une tête de pont pour le dialogue avec l'Islam. La petite Eglise d'Algérie est consciente qu'elle vit une mission prophétique, celle de créer pour demain le climat d'un dialogue plus paisible entre la foi chrétienne et la foi musulmane, dans la certitude que nous sommes tous fils de Dieu, ouvrage de ses mains, et que les fils de Dieu finiront par se reconnaître.

En effet, l’indépendance du pays marque une rupture pour l’Eglise d’Algérie. Jusque-là, tournée vers les occidentaux, elle était liée de fait au pouvoir colonial. L’Eglise algérienne a dû effectuer une révision de vie à l’indépendance. De riche, elle devait devenir Eglise pauvre et minoritaire. Les chrétiens qui ont fait le choix de vivre en Algérie ont vécu ces transformations en acceptant de modifier leur façon de voir et de croire. Les religieux se sont mis au service de la population musulmane, humblement. Vies simples au service de toute la population algérienne : infirmière, travailleur social, éducateur, bibliothécaire… tous ont un rôle au service de la population. Vies simples mais données généreusement sans craindre le danger par amour pour leurs frères et sœurs, par amour pour le Christ.

C’est une référence très forte pour nous, drômois. Outre le fait que des liens existent entre ces martyrs et notre diocèse : 2 des moines de Tibhirine étaient originaires de notre département ; ce monastère a été fondé par Aiguebelle ; le frère Henri Vergès a dirigé le collège des Maristes de Bourg de Péage… il y a aussi le fait que de nombreux diocésains ont vécu en Algérie ou sont allés visiter ce pays !

Cette présence chrétienne en pays d’islam doit nous interpeller par l’humilité de la présence, par le témoignage du service, par le don gratuit de la vie pour ceux qu’on aime. Ce témoignage, répété à chaque vie donnée, cette présence aimante et servante doivent nous ouvrir à une culture du dialogue avec l’autre : les musulmans ne partagent pas notre foi mais ils prient le même Dieu. Mgr Claverie, l’évêque d’Oran, le dernier du groupe à être assassiné, avec son chauffeur musulman, a dit à plusieurs reprises que sa présence en Algérie était un accompagnement de ceux qui souffrent, la population algérienne en général, et un don de la vie librement donnée à la volonté du Christ. Presque tous ont eu des paroles similaires. Nous sommes nombreux à avoir encore en tête la scène du film « Des hommes et des dieux », où les moines de Tibhirine, réunis, font le choix de rester par fidélité à leur foi mais aussi à leurs amis algériens qui, eux, ne peuvent pas partir et sont confrontés à la même violence. Leur courage, leur abnégation, comme ceux de tous les autres martyrs béatifiés le 8 décembre, doit interroger toute l’Eglise. Bien-sûr nous pensons à la phrase de Jésus : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 13) mais il y a aussi le souhait de Paul de chercher à discerner la volonté de Dieu (Rom 12,2).

Relisons l’exhortation apostolique « Gaudete et Exsultate » du pape François sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel. Il nous dit avec force que nous avons, chacun, notre propre chemin de sainteté à vivre par notre présence active dans le monde et le témoignage de notre foi par nos engagements, notre manière de vivre, les soins apportés à nos voisins… « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible…. » (n°15). Voilà le choix fait par les religieux d’Algérie qui acceptèrent de rester dans ce pays malgré les dangers. Se mettre à l’écoute de l’Esprit et tâcher de faire la volonté du Père.

Depuis les années 1990, de nombreux chrétiens sont morts pour leur foi. Pensons à ceux d’Egypte, d’Irak… De nombreux musulmans sont morts aussi pour leur foi. Pensons à ceux du Nigéria, de Birmanie. Nous prions pour les uns, prions aussi pour les autres. Nous rendons grâce pour ces 19 vies données mais n’oublions pas toutes les autres. Chacun est un exemple de considérer la foi comme un fait constitutif de notre humanité, et c’est ce qui est beau chez l’Homme : accepter la transcendance et la fraternité. Nous pouvons, en confiance, nous tourner vers l’un ou l’autre de ces témoins généreux de la foi pour leur demander de prier pour nous, pour notre Eglise, pour notre monde. Ils peuvent guider notre vie. Quand notre évêque choisi pour devise « Viens dehors », il nous invite à sortir, à rencontrer le Christ dans la vie du monde, dans la fraternité heureuse et partagée avec nos frères musulmans.

Guy Leydier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Mesdames

Bonjour Mesdemoiselles

Bonjour Messieurs

Chères Soeurs et Chers Frères en humanité.

Que la Paix de Dieu repose sur vous et vos familles

Shalom

Salam Aleykum

 


 

Au nom du Conseil Régional du Culte Musulman Auvergne Rhône-Alpes, je vous remercie de votre accueil au sein de votre Communauté de Notre-Dame d'Aiguebelle.

Je tiens à remercier également

Le Père Georges, prieur, de la Communauté

Monseigneur Pierre Yves Michel (Evêque de Valence)

Monseigneur Jean Christophe Lagleize (Evêque de Metz et anciennement Evêque de Valence)

Monseigneur Jean Paul Vesco (Archevêque d'Oran, Notre Dame de Santa Cruz en Algérie)

Monsieur Guy Leydier, (Diacre à l'Abbaye d'Aiguebelle) 

 

Ce monastère, qui, selon la Règle de Saint Benoît, garde la tradition d’accueillir comme le Christ lui-même : les hôtes et les pauvres.

Votre communauté qui poursuit toujours sa vie monastique dans la voie cistercienne en cherchant à vivre du travail de ses mains, à aider les pauvres dans la mesure de ses possibilités, à accueillir ceux et celles qui veulent prendre un temps d'arrêt dans leur vie.

Cette recherche dans l'enceinte même de ce monastère dans une vie personnelle et communautaire de prière, d'intercession et de louange.

  --------------------------------------------------------

Dans les années 1990, l’Algérie a été le théâtre d’une guerre civile qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes.

Les 19 martyrs d'Algérie constituent un groupe de chrétiens qui furent tués au cours du conflit qui opposa le gouvernement algérien et divers groupes islamistes.

Il est composé d'un évêque, de six religieuses, et de onze prêtres et religieux, dont les moines de Tibhirine.

Archevêque émérite d’Alger, Monseigneur Henri Teissier, est à l’origine de la béatification des religieux et religieuses d’Algérie assassinés entre 1994 et 1996, qui était célébrée ce samedi 8 décembre dernier à Oran.

Il est aussi celui qui a tenu la fragile barque de l’Église d’Algérie pendant cette décennie noire.

Les 19 martyrs d’Algérie, dont les sept moines de Tibhirine, ont été béatifiés en la basilique de Santa Cruz d'Oran en Algérie, en présence de Monseigneur Jean-Paul Vesco, évêque d'Oran et successeur de Monseigneur Pierre Claverie, ce 8 décembre dernier, jour de la fête de l’Immaculée Conception.


Ces 19 martyrs de l’Eglise d’Algérie étaient tous passionnés de leur Eglise, dont ils étaient des serviteurs zélés et effacés, passionnés aussi de l’Algérie et de son peuple où ils avaient tissé leurs amitiés.

Humbles et doux, le Seigneur rayonnait dans leur coeur, dans leur vie, dans leur silence.

Ils témoignent d’une foi décantée, limpide, la foi de ceux qui préparent dans la prière et la présence l’espace du dialogue.


« Chacun est mort parce qu’il avait choisi, par grâce, de rester fidèle à ceux et celles que la vie de quartier, les services partagés, avaient fait leur prochain . 

Leur mort a révélé que leur vie était au service de tous : des pauvres, des femmes en difficultés, des handicapés, des jeunes, tous musulmans.

Une idéologie meurtrière, défiguration de l’islam, ne supportait pas ces autres différents par la nationalité, par la foi ».


Inlassablement, ils ont rappelé en direction du Nord de la Méditerranée que « ce ne sont pas des musulmans qui ont tué des chrétiens mais tout un peuple qui a été pris dans l’étau d’un terrorisme à grande échelle », selon la formule de Monseigneur Paul Desfarges, archevêque d’Alger.

Et en direction du Sud, qu’il n’est bien sûr pas question pour eux, pas plus que pour l’Église universelle, de nier le témoignage des 200 000 Algériens, imams, écrivains, journalistes, enseignants ou médecins, artistes, chanteurs ou comédiens qui ont eux aussi « donné leur vie en fidélité à leur foi en Dieu et à leur conscience » pendant la décennie noire.

Et en particulier ces « 114 imams qui ont perdu la vie pour avoir refusé de justifier la violence ».

Aujourd'hui, une majorité d’Algériens ne sont nullement opposés au développement d’un christianisme spécifiquement algérien.

D’ailleurs, les faits graves de violences contre des fidèles chrétiens ou des églises sont très rares. 


Nous avons tous entendu parler des moines de Tibhirine : leur nombre et les conditions mystérieuses de leur mort ont soulevé beaucoup d ‘émotion.


Nous nous souvenons tous aussi de la mort de Monseigneur Pierre Claverie et de son jeune chauffeur algérien, Mohamed Bouchikhi.


La vie et la mort de Pierre Claverie, frère dominicain et évêque d’Oran, offrent une réponse aux signes de notre temps, caractérisés par des tensions souvent violentes entre des personnes qui vivent des fois et des croyances différentes.

L’incessante recherche de Dieu et l’appel à tous les croyants que fait Monseigneur Pierre Claverie, de vivre ensemble dans la paix et dans le respect réciproque, trouvent une expression dans une existence vouée toute entière à l’annonce de sa propre foi: une longue fidélité, où son engagement en faveur du dialogue a été le centre et sa vie, le prix.



Peu de temps avant sa mort, Christian de Chergé, prieur des frères cisterciens de Tibhirine, en Algérie, avait rédigé son testament spirituel.


« Nous sommes comme les oiseaux sur la branche » disait un moine.

Et cette villageoise de lui répondre : « Nous sommes les oiseaux. Vous êtes la branche. »

Oui, vous êtes la branche.

Solide, rassurante.

Et votre force paisible étonne.

Croyants ou pas, nous comprenons qu’elle vient de plus haut, ou plutôt de plus profond.

Car que serait la branche sans l’arbre qui la fait vivre ? 


Il pardonnait à l'avance ceux qui allaient le tuer.

La pensée théologique de Christian de Chergé est une pensée originale : la condition de sa théologie est sa vie monastique (ses conférences, ses homélies…en s'inspirant de la lecture du Saint Coran).

C’est une théologie en acte, une théologie située.

Sa théologie prends corps dans une situation sociale particulière : l’Algérie.

La vie monastique et eschatologie ; vie monastique et dialogue interreligieux sont liés.

Si Dieu est vraiment unique, le Dieu de l’Islam et le Dieu de Jésus-Christ ne font pas nombre.

En 1993, alors que Christian informe sa mère qu’il ne quittera pas l’Algérie, malgré le danger, sa mère lui écrit : « Les fleurs ne changent pas de place pour trouver le soleil, mais c’est le soleil qui vient les visiter ». 

La miséricorde, « C’est le sceau de l’alliance de Dieu avec la création », il s’agit de « multiplier au passage les fontaines de miséricorde ».

 

---------------------------------------------------------- 

« L'Algérie et l'islam, pour moi, c'est autre chose, c'est un corps et une âme.

Je l'ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j'en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit-fil conducteur de l'Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Église, précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans.

Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste : "Qu'il dise maintenant ce qu'il en pense !"

Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité.

Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui ses enfants de l'islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de sa Passion, investis par le don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.


Cette vie perdue totalement mienne et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l'avoir voulue tout entière pour cette JOIE-là, envers et malgré tout.


Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d'hier et d'aujourd'hui, et vous, ô mes amis d'ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sœurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis !


Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais.


Oui, pour toi aussi je le veux ce MERCI, et cet "À-DIEU" envisagé de toi.

 

Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux.

AMEN ! Inch'Allah ! »