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Titre du blog : Faire ensemble, vivre ensemble, agir pour la Paix
Auteur : abdelmalik
Date de création : 05-06-2011
 
posté le 17-05-2019 à 23:05:44

le 17 mai 2019 : Conférence « Pierres à croix » Organisé par Rencontres Internationales France-Arménie à l'Espace Garbis Manoukian

 

 

Conférence « Pierres à croix » Organisé par Rencontres Internationales France-Arménie à l'Espace Garbis Manoukian 40 rue d'Arménie à Lyon 3 ème

Église Arménienne St Jacques de Lyon 

 

 

 Cette conférence, inscrite dans le cadre de l'édition 2019 du "Printemps des cimetières" en liaison avec l'association du "Patrimoine Aurhalpin", sera animée par Rouzanna MEZRAKIAN, Docteur en histoire de l'art. 

 

 

 "Les khatchkars arméniens (pierres à croix) comptent parmi les œuvres d'art sacré les plus singulières et les plus mystérieuses par la façon dont ils professent la foi chrétienne, résument son essence et subliment ses symboles.

 

 

Lors de cette conférence, nous reviendrons sur la genèse des khatchkars arméniens, notamment sous l'optique du culte chrétien des lieux saints, sur les étapes clés de leur évolution et sur leurs liens intrinsèques avec les autres formes de l'art sacré médiéval." (Rouzanna Mezrakian). 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Rouzanna Amirkhanian Mezrakian

Ecole Pratique des Hautes Etudes, Sciences Historiques et Philologiques, Post-Doc

 

  

 (Khatchkar de l’arménien khatch = croix et kar = pierre)

 Le khatchkar est une stèle de pierre (ici en tuf, pierre volcanique, de la région d’Artik) sur laquelle se détache une grande croix en relief. La croix, comme référence idéologique, symbolique, spatiale, a été fondamental et fondatrice dans l’architecture des pays chrétiens du Caucase.

 

 

  Le khatchkar est une œuvre d’art entre sculpture et architecture, une création spécifique arménienne.

 

 

 Les Arméniens ont créé cette sculpture, spécialement dédiée à l’une des principales manifestations de leur foi : la vénération de la croix.

 

 

 Il convient de se souvenir que le culte de la croix est consciemment perçu, assumé par les Arméniens comme fondateur de leur identité.

 

 

  Déjà à l’époque préhistorique, l’Arménie avait sur ses terres des monuments en pierre dressés. Cette tradition n’a pas disparu avec le christianisme. Dès le 5è siècle, des stèles différentes sont élevées près des églises, présentant des croix et des bas-reliefs d’inspiration biblique. Et le khatchkar est l’aboutissement de cette évolution vers l’art non-figuratif et symbolique.

 

 

 Le khatchkar fait donc partie de la tradition des pierres dressées, du signe vertical. 

 

 

 La pierre, matériau de base, est une garantie de résistance et de longévité. La présence de la croix est la volonté de préservation de l’identité chrétienne et de l’identité culturelle arménienne. C’est une arme de lutte et de survie. Le message que véhicule cette sculpture est une volonté de créer un lien avec Dieu, de manifester symboliquement son attachement au divin, d’apporter l’idée de la protection divine. C’est aussi une prière à caractère mémorial, pour le salut de l’âme, une volonté de perpétuer le souvenir d’un évènement important comme : une victoire, l’érection d’un édifice sacré ou civil, l’exécution de travaux d’intérêt public, la construction, l’agrandissement ou la restauration d’une église. 

 

 

Elle a aussi parfois la fonction de borne, pour délimiter un terrain, une route, marquer une frontière. On les rencontre aux abords des villages, dans les champs, dans les églises, dans les monastères ou les cimetières. Le khatchkar invite chaque croyant à l’introspection et à la quête intime d’un lien avec Dieu.

 Les premiers Khatchkars datés, sont du 9è s. Mais, c’est au 10è s. que la composition classique des khatchkars va se fixer, selon les règles de l’ornementation et la longue évolution technique va porter les artistes à un tel degré de finesse et de richesse de détails que les spécialistes sont amenés à parler de « dentelles de pierre ». Aujourd’hui on recense quelques 50 000 exemplaires sur tout le territoire de la république d’Arménie, sans que l’on puisse trouver 2 pièces identiques (grâce au foisonnement de l’imagination des artistes sculpteurs).


 

 

 Au-delà d’une représentation cultuelle, la croix sur le khatchkar est arbre de vie. L’arbre de Jessé, celui de la connaissance du bien et du mal, le symbole de l’alliance nouvelle et éternelle. La plaque du khatchkar est généralement dressée sur un piédestal sous la forme d’un podium à petite corniche. Parfois, la croix elle-même est sculptée sur une pyramide  qui représente les montagnes d’Arménie, le lieu-même de l’élévation vers le divin. La rosace ou cercle solaire, sans commencement ni fin, symbolise le renouveau et l’éternité. L’arc entourant la croix représente les portes du paradis, le passage vers la vie éternelle. 

 

 

La croix arménienne, par tradition, a le pied plus long que les trois branches. Chacune des 4 parties se divisant en 2, forment 8 parties dans l’ensemble. 

 

 

Cette croix-arbre de vie a les bras légèrement évasés, terminés par des pousses latérales avec des éléments végétaux, des fruits, des fleurs ou des bourgeons. Les pousses végétales, par l’idée de la renaissance, viennent renforcer le symbolique de la victoire de la vie sur la mort, de l’espérance de la vie éternelle.  Le pied est fleuri, les racines ne sont pas figées dans la terre mais remontent vers le ciel chargées de rameaux (puissance vitale et signe de renouveau). 

 

 

 Sur la stèle peuvent aussi être disposés, des grappes de raisins (fruit eucharistique) et des grenades (gage de fertilité), parfois des cônes de pin ou de noix de palme (symbole de l’éternité). La croyance dit que « ceux qui goûtent à ces fruits ne connaissent pas la mort car la vie n’a ni début, ni fin, c’est un état de conscience qui se déploie dans une Réalité qui échappe aux hommes ».