Conférence « La tradition, les manuscrits et le texte coranique » Organisé par Institut Français de Civilisation Musulmane 146 Boulevard Pinel à Lyon 8 ème par François Déroche est historien, lauréat de la médaille de bronze du CNRS. Professeur au Collège de France depuis 2014, il occupe la chaire Histoire du Coran.
Depuis
le début des années ’80, les manuscrits coraniques produits au
cours des premiers siècles de l’islam (7e-10e siècles) ont
commencé à faire l’objet de recherches systématiques. Ces
dernières permettent de disposer
d’une image plus précise, bien qu’encore partielle, de l’état du texte au cours de cette période.
Au terme d’un patient travail d’une quarantaine d’années, les données collectées peuvent être confrontées aux informations qui ont été préservées par la tradition musulmane, essentiellement des hadith-s.
Cette
approche combinée permet à l’historien de revenir sur les
conditions de la
réception et de la diffusion du texte du Coran dans les débuts de l’islam.
Cette
approche combinée permet à l’historien de revenir sur les
conditions de la
réception et de la diffusion du texte du Coran dans les débuts de l’islam.
Mais alors que, pour d’autres confessions, la vérité du message s’accommode de variations dans la formulation, telle n’est pas la position du dogme musulman, qui considère que le texte canonique du Coran, qu’il soit récité par les fidèles ou consigné sur les exemplaires d’abord manuscrits et par la suite imprimés, reflète très scrupuleusement la parole divine conservée sur un original céleste.
À rebours de cette conviction, qui s’est peu à peu affirmée dans les premiers siècles de l’islam avant de s’imposer complètement, des données empruntées à la tradition musulmane permettent, par recoupement avec les indications tirées de l’examen des plus anciens manuscrits coraniques, de constater que la pluralité a caractérisé la genèse du Coran et sa transmission initiale, tant écrite qu’orale.
En analysant différentes strates de la version qui s’est imposée, mais aussi les fragments de recensions qui ont progressivement été écartées, François Déroche montre que le Coran est resté longtemps ouvert à une pluralité de « lectures » et révèle un rapport originel de la communauté des fidèles à son égard très différent du littéralisme absolu vers lequel l’orthodoxie musulmane a évolué. Cette histoire riche et complexe fait également apparaître un Muhammad plus soucieux du sens du message qu’il annonçait que de sa lettre.