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Titre du blog : Faire ensemble, vivre ensemble, agir pour la Paix
Auteur : abdelmalik
Date de création : 05-06-2011
 
posté le 25-01-2020 à 22:53:16

Le 25 janvier 2020 : 5 ème Conférence de la Mosquée Es Salem de la Rue Baraban à Lyon 3 ème avec le Docteur Cheykh Larbi Becheri (

 

 

5 ème Conférence de la Mosquée Es Salem de la Rue Baraban à Lyon 3 ème avec le Docteur Cheykh Larbi Becheri (membre du l'union mondiale des savants, et du conseil européen de la recherche et de la fatwa et du Conseil Théologique Musulman de France intervient sur le rôle du mufti) 

 

 

 Le Docteur Becheri a obtenu son doctorat au Département d’Études orientales de l’Université d’Aix avec une thèse intitulée L’analogie selon Al-Ghazali. Il est membre du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche (CEFR) et de l’Union internationale des Savants musulmans. Il enseigne depuis vingt ans à l’Institut Européen des Sciences Humaines de Château-Chinon (IESH) en tant que Professeur de Fiqh et de Jurisprudence et Professeur d’Études de troisième cycle. Le Docteur Becheri est actuellement Directeur scientifique de l’Institut Européen des Sciences Humaines de Château-Chinon, France.

Lorsque le musulman est confronté à une problématique au cours de sa vie à laquelle il ne trouve pas réponse, il en va de sa responsabilité de s’adresser à quelqu’un qui possède la science nécessaire pour trouver une solution et un avis conformes aux textes et qui puisse répondre à sa problématique, dans son contexte.

 

 

 Le Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche effectue ce travail en Europe, afin de répondre aux problématiques des musulmans vivant dans les pays européens, où le contexte y est particulier..

 

 

 La plupart des études sur l’Islam restent prisonnières du débat autour de dichotomies comme Islam et démocratie, Islam et modernité, Islam et laïcité, Islam et pluralisme, Islam et femmes, etc. La question de fond de ce débat est pourquoi l’Islam n’a pas évolué comme le Christianisme ? Pourquoi ne s’est-il pas affranchi de son caractère primitif, qui se manifeste par l’exaltation de la violence, dans le refus de l’autre, dans le déni des libertés et la dépréciation du rôle de la raison ?

 

 

 

 

Ces recherches se concentrent sur l’élite religieuse, politique et culturelle et ne tiennent pas compte de la dimension humaine du musulman ordinaire. Mais si, à un moment donné, cette approche pouvait être nécessaire dans le contexte des sociétés islamiques, elle représente dans les sociétés occidentales contemporaines une idéologie cognitive incapable de comprendre et d’analyser la présence de millions de musulmans qui se trouvent – pour la première fois de l’histoire – au cœur de la culture européenne.

Aujourd’hui le musulman ordinaire est le premier « lieux » où se déroule la tentative d’harmoniser l’Islam et l’Occident. Ce musulman ordinaire, si peu connu dans le passé, est désormais à la portée de la recherche scientifique, grâce à l’aide de la technologie, qui conserve et diffuse les questions qu’il se pose sur la relation entre sa foi et le monde où il vit. Ces questions et réponses, qui sont exprimées dans ce qu’on appelle techniquement fatwa (fatwâ), se trouvent désormais sur de nombreux sites web qui possèdent pour ces musulmans la fonction d’autorité religieuse en Europe

 

 

Le rôle croissant que ces sites ont pour les musulmans en Occident permet de comprendre la nature de la présence islamique dans le Vieux Continent, sortant de l’abstrait, du théologique, du politique et de l’idéologique, pour soulever de nouvelles questions. 

 

 

 Le mot fatwa, tout comme d’autres mots dérivant de la même racine, appartient au champ sémantique de vocables tels que nouveauté, éclaircissement, jeunesse, perfection, recours en justice, explication, fraicheur, vitalité. Il est également lié à aftâ-hu fî’ l-amr, « conseiller quelqu’un sur une question », c’est à dire « exposer et expliquer », et à istaftâ, à savoir « demander une explication et un éclaircissement ». La fatwa est donc le résultat de deux actions, dont l’une est la conséquence de l’autre : l’istiftâ’, signifiant demande, suivi par l’iftâ’, la réponse et l’explication. Celui qui formule la question est le mustaftî. La réponse est fournie par le muftî.

 

 

 Le champ sémantique du mot fatwa dans le Coran – où il est mentionné à onze reprises dans cinq sourates différentes – s’élargit à d’autres significations, comme guider et conseiller, par exemple dans le verset : « Elle dit encore : “Ô vous les chefs du peuple ! Répondez-moi au sujet de cette affaire [aftû-nî] ; je ne déciderai rien dont vous ne soyez témoins” » (Cor. 27,32).

 

 

 Les définitions du terme fatwa utilisées dans les textes de la jurisprudence islamique (fiqh), que ce soient les livres de la tradition ou les textes contemporains, se distinguent par les mots utilisés, la longueur ou la brièveté, sans jamais s’éloigner de la formulation suivante : « Informer le demandeur sur le jugement de la charia concernant son problème, ou par le biais de la transmission (naql) ou à travers l’effort personnel d’interprétation (ijtihâd), sans obligation d’acceptation »

 

 

 Cette définition réunit toutes les particularités de la fatwa et la différencie des autres termes de la jurisprudence islamique, comme ijtihâd. En effet, « informer le demandeur sur le jugement de la charia » exprime l’intention de la fatwa, qui est de fournir une guidance et une orientation sur la vie religieuse

 

 

 

 L’acte d’informer se fait « avec les mots, actions et à travers l’approbation ».    « Concernant son problème », se réfère au lien étroit qui existe entre la fatwa et la réalité particulière du demandeur, car « chaque demandeur a sa propre réalité, inhérente à des particularités personnelles qui ne s’appliquent pas à la réalité des autres, d’où la nécessité de contextualiser une opinion générale par la formulation d’un jugement particulier concernant un cas spécifique. Cela est connu comme la réalisation de l’intention (tahqîq al-manât). Partant, la fatwa comprend les différentes phases de l’ijtihâd, allant de la compréhension abstraite jusqu’à l’application aux réalités individuelles »

 

 

Autrement dit, la charia est donnée à tous, dans tous les lieux et dans tous les temps, mais avec la fatwa, elle est déclinée en fonction de la situation de l’individu. « Par le biais de la transmission ou à travers l’effort personnel d’interprétation » signifie qu’une fatwa peut être prise dans un texte chariatique précédent, et dans ce cas on dit que le muftî est le « transmetteur du législateur » ; ou qu’il s’agit du résultat de l’effort d’interprétation (ijtihâd) sur une question pour laquelle il n’y a pas d’avis précédents, et dans ce cas on dit que le muftî « agit à la place du législateur ». 

 

 

 

 

 

 

La formulation « sans obligation d’acceptation » différencie la fatwa par rapport à la sentence du juge et par rapport au décret de l’autorité gouvernante. Dans la définition du terme fatwa on constate qu’elle se base sur l’interaction entre la loi et la réalité, et que le manque de compréhension d’un des deux éléments invalide inévitablement la fatwa. Cela a amené beaucoup d’experts en jurisprudence islamique à affirmer que le muftî est un mujtahid (c’est à dire utilise l’ijtihâd) et que « uniquement le mujtahid peut formuler l’iftâ’ ». 

 

 

 Ceci distingue le muftî du muqallid, c’est à dire celui qui se limite à reporter les avis juridico-doctrinaux formulés par les prédécesseurs, tandis que le premier, qui prononce de nouveaux jugements sur la réalité, doit être un mujtahid.

 

 

La fatwa est aussi ancienne que la charia. Dieu s’est attribué le rôle de muftî, comme l’affirme le verset du Coran: « Ils te demandent une décision concernant les successions. Dis : “Dieu vous donne des instructions au sujet de la parenté éloignée” » (Cor. 4,176). 

 

 

 Le Prophète a été le premier à entamer l’action de l’iftâ’. La fatwa est en effet un des modes avec lequel Dieu l’a chargé d’expliquer la révélation aux hommes : « […] Nous avons fait descendre sur toi le Rappel pour que tu exposes clairement aux hommes ce qu’on a fait descendre vers eux. Peut-être réfléchiront-ils ! » (Cor. 16,44).