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Titre du blog : Faire ensemble, vivre ensemble, agir pour la Paix
Auteur : abdelmalik
Date de création : 05-06-2011
 
posté le 28-01-2020 à 21:24:23

le 28 janvier 2020 : Conférence : "La réalité des camps de réfugiés" Organisé par Institut Bioforce et Croix-Rouge française (Rhôn

 

 

 Conférence : "La réalité des camps de réfugiés" Organisé par Institut Bioforce et Croix-Rouge française (Rhône)

41 avenue du 8 mai 1945 à Vénissieux les Minguettes 

 

 

 L'intervenante Rima Hassan (Présidente de l'Observatoire des Camps de Réfugiés (O-CR)

Diplômée d’un master en droit international et organisations internationales, Madame Hassan a travaillé une année à l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA) avant d'intégrer la Cour Nationale du Droit d’Asile.

 

 

 De plus, elle a vécu et étudié les sciences politiques et le droit international une année au Liban en pleine crise syrienne, lors de laquelle elle a été sensibilisée à l’accueil des réfugiés syriens et palestiniens dans ce pays.

Désireuse d’élargir la réflexion sur les camps de réfugiés, elle décide de se consacrer pleinement au projet de l’Observatoire des Camps de Réfugiés qui a vu le jour en mai 2019. 

 

 

 Conférence : "La réalité des camps de réfugiés et personnels déplacés". 

Le nombre de personnes déplacées à cause des guerres et des persécutions n’aura jamais été aussi important qu’à notre époque. Si la problématique générale des réfugiés est largement relayée et connue de tous, peu d'outils ont été mis en place pour permettre de comprendre les conditions d’installation, de gestion et d'administration des camps de réfugiés qui restent pourtant un mode d'accueil privilégié des personnes déracinées dans le monde.

 

 

 « Il faut rendre les camps célèbres...», proclame en préambule l'anthropologue Michel Agier. Après un instant de surprise, le mot d'ordre s'impose. S'il y a un point commun qui relie les différents types de camps contemporains - du camp de réfugiés aux centres de rétention administrative -, c'est le manque de visibilité. Le camp est à l'écart, loin des centres-villes et des voies de communication, on ignore qui y réside, on en parle peu.

 

 

Qui songerait à s'y rendre en visite ? En fait, tout est fait pour que ces lieux aient le moins d'existence possible. Tel ce camp de Dadaab ouvert en 1992 dans l'est du Kenya, qui accueille 450.000 réfugiés somaliens, soit quasiment la population de Lyon, et qui n'apparaît nulle part sur les cartes officielles. 

 

 

 C'est cette réalité aussi massive que masquée que vient dévoiler « Un monde de camps », ouvrage collectif dirigé par Michel Agier. « Les camps sont une réalité d'après guerre froide », souligne ce dernier. Certes, le camp, défini comme le fait d'enfermer et de priver de droits des personnes n'ayant commis aucun délit, ne date pas d'hier. L'expression « camp de concentration » voit le jour à la toute fin du XIXe siècle lorsque les Anglais confinent dans des villages de tentes un quart des Boers (principalement les vieillards, les femmes et les enfants).

 

 

Dans les années 1930, les régimes totalitaires ont transformé le camp d'enfermement en camp de la mort. Plus tard, les guerres postcoloniales ont jeté sur la route des millions de civils que la communauté internationale a regroupés dans des camps de réfugiés. 

 

 

  Aujourd'hui, la cartographie des camps reflète la géopolitique mondiale: au sud, des camps de réfugiés et de déplacés ; au nord, des centres de détention où l'on enferme les sans-papiers ; dans l'entre-deux, des campements à demi sauvages pour ceux qui tentent le grand passage.

 

 

 Quant aux pays émergents, ils ouvrent des camps de travailleurs qui apportent leurs bras aux immenses chantiers.

 

 

 Les camps de réfugiés

 Ce sont les camps « officiels », qui accueillent des individus ayant fui leur pays d'origine. Ils sont administrés principalement par les agences internationales comme le HCR et l'UNRWA, et on en recensait 450 sur l'ensemble du globe dans la période 2010-2013, soit 6 millions de personnes - chiffre qu'il faut gonfler de 1 à 2 millions de personnes pour intégrer l'exode massif de Syriens en Turquie et au Liban depuis un an.

 

 

 Sur ce total, les plus gros contingents sont les Afghans, les Erythréens, les Somaliens, les Birmans, les Congolais (RDC)... et bien sûr les Palestiniens, qui sont toujours 1,5 million à vivre dans 60 camps ouverts depuis plus de six décennies. Signe de la banalisation de l'état de réfugié: jadis, lorsqu'un migrant se faisait arrêter à la frontière grecque, il se disait palestinien dans l'espoir d'obtenir le statut de demandeur d'asile ; aujourd'hui, les Palestiniens sont devenus des migrants comme les autres.

Les camps de déplacés

 

 

 Les camps de déplacés

 Les « déplacés » ont quitté leur habitat d'origine, mais non leur pays. En Haïti, il a fallu créer un millier de camps pour reloger les personnes jetées à la rue par le tremblement de terre de 2010: il en reste encore 400, pour un total de 400.000 personnes. Au Darfour, on recense 65 camps de déplacés. Souvent, on est « déplacé » avant de devenir « réfugié »: c'est le cas en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Birmanie, au Congo... En 2014, on dénombre un millier de camps de déplacés et 6 millions de personnes.

 

 

Les campements auto-établis

 Il s'agit du regroupement spontané de migrants, parfois des anciens déplacés ou réfugiés, qui cherchent à se rendre dans un pays riche et sûr. Dans l'attente d'un passage, ils s'installent en lisière du pays cible et montent des campements éphémères, autogérés, échappant au contrôle de l'administration locale. On en trouve dans le nord du Maroc, en Grèce, à la frontière américano-mexicaine ou encore autour de Calais, sur la route de l'Angleterre. Il en existe des milliers, mais il est impossible de les dénombrer avec précision.

 

 

 Les centres de rétention administrative

 Contrairement à une idée reçue, le flux de réfugiés et de migrants arrivant en Europe en quête d'un travail et d'un statut reste stable. En revanche, le taux d'accueil s'est effondré, multipliant les situations de clandestinité et des injonctions à quitter le territoire.

 

 

Dans les pays riches, ne pas avoir de papiers est devenu un délit qui vous vaut d'être placé dans un centre de rétention administrative. Il y a un millier de centres de rétention dans le monde, dont 400 en Europe. Au moins un million de personnes y ont été enfermées en 2013. Le plus gros centre se situe sur l'île Christmas, en Australie. Il compte 1 500 places et illustre ce que l'on appelle le « modèle australien », très militarisé, proche d'une prison en plein air. 

 

 

Les camps de travailleurs migrants

Là aussi, il n'existe pas de chiffres. Dans le sud de la Chine, en Amazonie, en Afrique du Sud, dans les pays du Golfe, ainsi que dans les zones agricoles du sud de l'Espagne et de l'Italie, la main-d'oeuvre immigrée est logée dans des camps éloignés des centres-villes.

« Un monde de camps » décrit par exemple les labour camps installés au Qatar dans les zones industrielles. Là, près d'un million de travailleurs (Népalais, Philippins...) vivent coupés du monde. La promenade de Doha, le souk et les centres commerciaux leur sont interdits le vendredi, ils n'ont aucun droit, et le passeport est chez l'employeur: très vite, ils renoncent à sortir de l'enceinte du camp, sauf pour aller travailler. Ils y passent quatre ans avant de rentrer au pays. La généalogie du labour camp est intéressante : le dispositif a d'abord été utilisé dans les années 1920 par l'entreprise pétrolière Aramco, elle-même l'ayant copié sur un modèle de logement ségrégationniste !